Un nouveau centre spécialisé pour les enfants en situation de handicap – ASED

Un nouveau centre spécialisé pour les enfants en situation de handicap

Lieu

Madagascar, Antananarivo

Contexte

Le pays est marqué par une forte précarité avec 78,8%[1] de la population vivant sous le seuil de pauvreté[2] et de fortes inégalités économiques et sociales (Indice de GINI : 42,6[3]). Les personnes en situation de handicap sont les premières victimes de ces inégalités.

 

Dû au faible niveau d’instruction général, le handicap a été à associé à une malédiction ou à une conséquence d’acte de sorcellerie4. La peur de la transmission est l’une des principale raison de la discrimination dont souffre cette population. C’est la double peine.

 

La politique du pays en matière de droits des personnes en situation de handicap progresse très lentement et ces dernières sont loin d’être considérées comme des membres à part entière de la société malgache. Selon une étude du Ministère de la santé en 2003, 7,5% de la population malgache seraient porteuse de handicap. Le dernier recensement national réalisé en 2018 montre qu’il s’agit d’une population jeune. À l’heure actuelle, il n’existe ni programmes nationaux, ni subventions destinées aux personnes handicapées ou aux organisations dédiées qui les prennent en charge. Cela repose donc uniquement sur des initiatives privées.

 

Dans ces conditions, la majorité des adultes n’a pas accès à la formation professionnelle et ne trouve pas d’emploi. De nombreux enfants ne peuvent pas s’inscrire à l’école ou sont confrontés à des situations d’échec scolaire car leurs besoins spécifiques ne sont pas pris en compte. Seul 50,8 % des personnes en situation de handicap âgées de plus de 15 ans sont alphabètes. Le taux brut de scolarisation passe de 69,7 % au niveau primaire à 22,6% au niveau secondaire.

Ce faible niveau d’éducation est un obstacle majeur à l’intégration socioprofessionnelle des personnes en situation de handicap. Cela ne leur permet pas de prendre leur vie en main ni de s’épanouir en tant que personne à part entière. C’est cercle vicieux « handicap – pauvreté ».

 

1 Banque Mondiales – Données Madagascar. https://donnees.banquemondiale.org/pays/madagascar?view=chart

2 Selon la Banque Mondiale, ce pourcentage correspond à la proportion de la population vivant avec moins de 1,90$ par jour.

 

3 L’indice de GINI indique la répartition de la richesse au sein de la population. Il est compris entre 0 (égalité parfaite) et 100 (inégalité absolue).

4 Rabearison-Andrianjara, I. (2017) – MEADAGASCAR, African Disability Rights Yearbook, 5.

Projet

Création d’un centre spécialisé pour favoriser l’intégration socio-économique des enfants et des jeunes porteurs de handicap par la voie de l’éducation et de la formation.

 

Les activités du centre sont organisées autour de 5 pôles :

  • Une éducation spécialisée pour les enfants et les jeunes ayant une infirmité motrice cérébrale et/ou une déficience intellectuelle.
  • Des formations professionnelles: informatique, pâtisserie, charcuterie, couture.
  • Une structure d’accueil spécialisée comprenant : un internat, un service de rééducation et des aménagements sportifs.
  • Des activités génératrices de revenus:
    • Un atelier/boutique couture qui collabore avec une styliste malgache de renommée internationale.
    • Un service restauration / traiteur. La création d’un potager et d’une ferme permettra l’approvisionnement de la cantine scolaire et du restaurant tenu par le centre.
    • Un service locations de salle

Ces activités permettent au centre de bénéficier de sources de revenus pérennes pour financer la mission. Elles favorisent également l’intégration professionnelle des jeunes du centre.

  • Une démarche de sensibilisation qui vise à promouvoir les droits à l’éducation et à l’emploi des personnes handicapées : organisation de séminaires, d’ateliers de réflexion, participation à des débats télévisés, création de kits d’informations sur le handicap.

 

Ce centre spécialisé bénéficie de l’expérience de la construction et de la gestion d’un premier centre similaire créé à Analamahitsy par le partenaire avec le soutien d’ASED en juin 2003. Ce premier centre à maintenant atteint ses limites d’accueil.

Impact

60 enfants et jeunes âgés de 4 à 25 ans, porteurs de handicap physique et/ou d’une déficience intellectuelle.

40 places en internat et une éducation spécialisée pour les jeunes porteurs d’un handicap lourd

40 places en formation professionnelle

 

En raison de la capacité d’accueil limité, le centre priorise l’admission de candidats issus de familles défavorisées. Toutefois, une participation financière est demandée aux parents, proportionnellement à leurs revenus.  Cette participation est tout aussi importante pour le fonctionnement du centre que pour l’implication des parents dans la formation de leurs enfants. Le centre peut prendre en charge les frais d’apprentissage de bénéficiaires en situation de grande précarité. Le parrainage comprend les frais de scolarité, les frais de transports, les aides alimentaires et les frais liés aux diverses activités organisées par le centre.

 

Bénéficiaires indirects :

  • Pour les familles des élèves et des étudiants du centre, c’est l’opportunité d’être accompagné, soutenu et de pouvoir reprendre une activité professionnelle.
  • Les professionnels du centre peuvent exercer leur profession dans un cadre adapté et bénéficier de formations pour une meilleure prise en charge des enfants et des jeunes (exemple : voyage d’apprentissage du personnel du CSM à Lyon- France).

Partenariat

Le Centre Sembana Mijoro (CSM) a été fondé par Madame Razafinjatovo Fela qui en est aujourd’hui la Présidente. La création du CSM fait écho avec son expérience personnelle. À l’âge de 3 ans elle est touchée par des séquelles poliomyélitiques et a dû faire face au rejet de la société. Soutenue par ses parents qui étaient convaincus que seule une éducation spécialisée aidera leur fille à vivre dignement et de façon autonome elle se battra pour obtenir un diplôme d’études supérieures en organisation. Forte de son vécu et déterminée, elle s’engagera dès lors pour l’accès à l’éducation des enfants en situation de handicap.